ON PRINTMAKING
"What is immediately distinctive about my work is that each print from the same plate is fundamentally and deliberately unique. This may seem odd, as printmaking is traditionally a reproduction technique. For me however, it is an art of process, which paradoxically reveals variation through repetition.
Observing the steps of the printmaking process unveils countless opportunities for the unexpected to emerge, for the undetermined to divert the trajectory of technique. Take an example: when the plate meets the paper, time and space open for imperfectly dried layers of ink to mix, for the image to mingle and play with the veins of the wood. The print therefore has two components: what can be planned and what cannot. One of the keys to my work are those open times and spaces. I strive to give way to a force that breathes life into art, but can express itself only when the artist steps back: that of the Void." |
겨울꽃 fleur d’hiver
calligraphie
Etant enfant, en Corée, j’ai appris la calligraphie chinoise. Assise parmi des centaines d’élèves dans une immense salle, suivant les instructions silencieuses d’un maître distant et austère, j’ai comme tant d’autres tracé des centaines de fois, pendant des heures et des jours entiers, les mêmes traits horizontaux et verticaux, avant d’être autorisée à former un premier caractère. Il fallu quelques mois pour que je puisse écrire le premier caractère comportant les huit traits fondamentaux. Je me souviens que c’était 永 (yong), qui signifie éternité. Pourtant, même enfant, je ne me lassais jamais de ces répétitions. Chaque trait, même refait à l’identique, était en soi un ajustement par rapport au précédent, une exploration nouvelle, un germe pour le suivant. En somme, un trait horizontal, même dans sa simplicité extrême, même dans l’intention de le dessiner conformément à des codes millénaires, dans la main du calligraphe, reste vivant. Dans ma pratique de la gravure, technique fondée à l’origine pour la reproduction à l’identique d’une image figée dans le bois, je puise dans ce souvenir de l’apprentissage de la calligraphie pour laisser respirer chaque impression de la matrice, pour qu’elle soit porteuse de vie. hiver Depuis 10 ans que j’habite en Tunisie, l’hiver, ce sont les fleurs du bougainvillier, les fleurs de jasmin qui parsèment le jardin de flocons blancs, et même des rosiers opulents et insolents. Depuis mon enfance en Corée, l’hiver, ce sont les montagnes couvertes de leur manteau blanc, majestueuses, silencieuses, éternelles. Lorsque l’on randonne sur les flancs de la montagne, et que la neige tombe, on tend la main, et au creux de sa paume, en regardant de près, on peut voir ces flocons étoilés: les fleurs d’hiver. Chaque année je retrouve l’hiver, et chaque année il change de visage. L’hiver est comme le trait du calligraphe. Le premier retourne tous les ans à la même époque. L’autre prend chaque fois le même chemin tracé par les traditions et les répétitions. L’un est blanc, l’autre est noir. Pourtant l’un et l’autre sont à chacune de leurs manifestations uniques. Ils offrent au regard et à la main sensibles une promesse de changement, un renouvellement porteur de sens, une éclosion vibrante d’émotion. Paris/Tunis, le 2 décembre 2017 |
prélude à une brise d'été
''Ferme les yeux. Essaie de la sentir... Une infime caresse de l’air sur la peau, presque imperceptible. Une légère fraîcheur... tu peux l’apprécier, si tu essaies".
Ainsi me parlait ma mère alors qu’enfant j’étouffais sous la chaleur, cette chaleur pesante de l’été coréen, de mon pays. Alors je m'allongeais... Je respirais doucement, attentive. Même à ce jeune âge, je crois que je saisissais ce qu’elle voulait dire... Attendre et écouter ces choses insaisissables, parfois mouvantes et dansantes m'émerveille. Ce vent immobile qui s’apprête à souffler. Cette lumière qui bientôt chatoiera sur mes paupières, mais dont l’ocre pour l’heure semble immuable. J’aimerais que mes gravures puissent dire un jour cet espoir, ce prélude à une brise d’été qui rafraîchit le corps et apaise l’esprit. Même si la brise en se levant change de cap, et me mène vers un horizon inattendu, imprévisible, mystérieux... Savez-vous par où soufflera le vent de décembre? |